Cabinet d’Expertise-Comptable et de Commissariat aux Comptes

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Rencontre avec… Gilles Million, la Confédération de l’Illustration et du Livre Grand Est.

Rencontre spéciale confinement avec… Gilles Million, directeur de la Confédération de l’Illustration et du Livre Grand Est.

Être proche de nos clients, pour le cabinet Gestion & Stratégies – Auditoria ça veut réellement dire quelque chose. C’est pourquoi, nous vous laissons régulièrement la parole.

Gestion & Stratégies : La France est à nouveau confinée. Les impacts économiques pour les petites structures et les indépendants sont immenses. Médiatiquement, un symbole est né avec la demande d’un grand nombre de libraires pour considérer le livre comme un bien essentiel et ouvrir les librairies qui le souhaitent. Comment faites-vous entendre la voix de la Confédération de l’Illustration et du Livre Grand Est (CIL) dans ce débat ?

Gilles Million : La CIL appuie l’idée d’ouvrir rapidement les librairies indépendantes qui le souhaitent. Cette idée est très bien portée par des structures interprofessionnelles, principalement par le Syndicat de la librairie française(SLF), le Syndicat national de l’édition (SNE) et le Conseil Permanent des Ecrivains(CPE). Ces organes représentatifs font un travail de lobbying important et qui fonctionne. Pour preuve avec la pétition baptisée « Monsieur le Président, faisons le choix de la culture en rouvrant les librairies » mise en ligne par le SLF. En moins d’une semaine, elle a recueilli près de 200 000 signatures sur la plateforme change.org.

G&S : Pouvez-vous nous dessiner le paysage des enjeux qui se jouent actuellement pour toutes les librairies qui ont fermé ?

GM : Les enjeux sont immenses et la situation est bien différente du premier confinement. En mars, les libraires manquaient de tout : de gel hydroalcoolique, de masques… Comme pour beaucoup, il leur était impossible d’ouvrir au public. Aujourd’hui, non seulement ils maitrisent les contraintes sanitaires parfaitement mais ils les acceptent tout à fait. Il faut avoir conscience que les obliger à fermer à cette période de l’année, c’est les faire renoncer à 30% voire 40% de leur Chiffre d’Affaires. Décembre est un mois crucial pour une économie déjà tellement fragile. Les enjeux économiques sont donc énormes. Chaque semaine qui passe est un manque à gagner irréversible.

G&S : Quelles aides existent en Grand Est pour faire face à la crise ?

GM : Le secteur a bénéficié de plusieurs aides au printemps dernier et les mobiliser était crucial. C’est à souligner. Cependant, en cette fin d’année, nous savons qu’il n’y aura plus d’aides spécifiques. Pour l’ensemble du secteur du livre, il faudra donc attendre début 2021. A la crise, s’ajoute une inconnue supplémentaire à cette équation : le calendrier des élections régionales qui pourrait repousser certaines prises de décision.

G&S : Pour aller au-delà du débat public, que suggérez-vous aux pouvoirs publics ?

GM : En premier lieu de statuer sur l’ouverture des librairies dès que possible. A la CIL, nous croyons en une exception culturelle qui permettrait au grand public de comprendre pourquoi l’on doit ouvrir les lieux dédiés à la culture. Cependant, les réactions à vif sur cette question d’ouverture ou de fermeture ne doivent pas nous faire renoncer à statuer sur un niveau plus global d’intervention. Nous pensons qu’il y aurait un travail de prévention à réaliser car il faut être très lucides : de nombreux libraires n’ouvriront plus car ils seront en situation de cessation de paiement au printemps prochain. Avec ces fermetures, il y aura un effet domino sur l’ensemble de la filière. D’autres effets de la crise sont à craindre pour les éditeurs et les auteurs car beaucoup seront encore privés de rencontres et d’événements littéraires fin 2020, voire une grande partie de l’année 2021.

G&S : Dans l’attente d’une réouverture, est-ce que la solution du click and collect vous paraît suffisante ?

GM : Très clairement, la réponse est non ! Le click and collect ne sera absolument pas suffisant. Tout d’abord parce qu’à peine 60% des librairies ont un site web marchand et ensuite parce que ce service gomme tout l’aspect relationnel qui se joue lorsqu’un client franchit les portes d’une librairie. C’est cette relation qui fait qu’on est amené à choisir un livre sur les seuls bons conseils de son libraire. Cet achat « coup de cœur », c’est une vente additionnelle dont beaucoup ne peuvent se passer. Il faut rappeler qu’une librairie est avant tout une TPE/PME dont le taux de rentabilité est faible. Dans ce contexte, ni le click and collect, ni les reports d’échéances sociales, de prêts ou de loyers ne sauront être des solutions suffisantes pour garantir une sortie de crise. Il faut permettre aux librairies d’ouvrir leurs portes et d’accueillir leurs clients.

Découvrez notre précédent portrait : Agnès Sadowska, la Banque de l’Objet.

 

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