Être proche de nos clients, pour le cabinet Gestion & Sratégies – Auditoria ça veut réellement dire quelque chose. C’est pourquoi, nous vous laissons régulièrement la parole. Aujourd’hui, nous allons à la rencontre de Anne Chabert directrice artistique et coordinatrice de l’association Alysses « (Re)Dessine-moi un jardin ».
Gestion & Stratégies – Auditoria : Pouvez-vous partager avec nous l’histoire de la création d’Alysses et la signification de son nom ?
Anne Chabert : En 2020, lors du premier confinement, ma place d’artiste de spectacles et de vidéaste a été l’occasion d’une remise en question. J’avais envie de trouver un biais, d’agir de manière concrète et citoyenne face aux enjeux écologiques. En parallèle, en tant que conseillère municipale, j’avais un accès direct à la vie collective de notre communauté. C’est ainsi qu’est née l’idée d’Alysses.
À Bouxwiller, nous avons une place principale appelée Place du Château, qui témoigne de la présence d’un château effondré après la Révolution française. Cette place utilisée autrefois pour des foires et des mariages, s’était transformée en parking. Je me suis rendu compte de l’absence de projets aboutis pour cet espace et après prise de contact avec la municipalité, avec quelques copains du coin, on s’est dit, que pourrait-on bien imaginer ?
C’est ainsi qu’avec des amis, nous avons décidé de repenser son utilité. Nous avons imaginé un jardin partagé collectif qui intégrerait les écoles, les habitants, et qui deviendrait un espace dédié à l’art et à la culture, mettant en valeur notre patrimoine commun. Cette initiative, bien qu’individuelle à l’origine, avait pour objectif de mobiliser la communauté autour d’un projet collectif.
En 2020, suite à l’appel à projets « Grandir en Culture » lancé après le Covid-19 dans le Grand Est, nous avons saisi l’opportunité pour proposer notre vision : cette place, entourée par des établissements scolaires et des structures pour seniors, offrait un cadre idéal pour intégrer la jeunesse et les moins jeunes dans une démarche écologique, culturelle et citoyenne.
Avec le soutien des élus locaux, et des financements comme ceux de la Fondation de France, nous avons pu concrétiser ce projet. Après le dépôt de notre dossier en 2020, nous avons passé l’année suivante à préparer, consulter les écoles, construire des partenariats. Les activités ont débuté en septembre 2021.
Depuis Alysses est devenu un symbole de renouveau, transformant une place historique en un espace de partage et de créativité.
G&S-A : Comment le projet « Redessine-moi un jardin » a-t-il évolué depuis sa création ?
Anne Chabert : Depuis la création du projet « Redessine-moi un jardin, » nous avons observé une évolution significative, passant d’une initiative individuelle à un effort collectif. À ses débuts, le projet reposait essentiellement sur moi-même et quelques amis de Bouxwiller qui ont accepté de former l’association, avec un engagement initial limité. Cependant, petit à petit, un groupe plus investi s’est formé.
La reconnaissance et la compréhension du projet ont mis du temps à s’installer. Par exemple, les pratiques politiques locales étaient plutôt sceptiques et craignaient des dégradations par les jeunes. Cependant, le jardin a été respecté et a apporté du bien-être à la communauté.
Le projet incarne ce qu’on appelle l’urbanisme tactique, ce sont les citoyens qui prennent en main la gestion des espaces publics. Cela représente, à mon sens, l’avenir. Ce mode de gestion réduit considérablement les coûts, favorise l’initiative individuelle et permet une exécution rapide. En Angleterre, par exemple, tous les jardins publics sont gérés par des associations (à l’exception des jardins de la reine) et sont des lieux de rencontre importants, souvent juste après les pubs. Dans notre village, avec la disparition des bistrots, il était essentiel de réinventer des espaces collectifs.
Cette année, nous avons lancé un micro-festival de jardins, où les habitants ont installé des bacs de plantation, permettant à divers jardins d’émerger. Ce festival a encouragé les échanges sur les pratiques de jardinage, chacun s’appropriant les idées des autres sans jugement, améliorant ainsi leurs propres méthodes. À mon avis, ce genre d’interaction est aussi enrichissant qu’une conférence traditionnelle.
G&S -A : Pouvez-vous nous parler d’un moment marquant ?
Anne Chabert : Un événement marquant ? Il y en a eu tellement. L’un des plus mémorables a été l’installation d’un kiosque en plein hiver. Avec l’aide d’un couvreur, nous avons travaillé ensemble sous la neige. C’était un moment magique !
Au quotidien, les moments forts sont les retours positifs des habitants, surpris et ravis par nos initiatives bénévoles, ainsi que les interactions avec diverses communautés, notamment des dames turques qui, lors d’une canicule, ont trouvé dans le jardin un rappel de leur pays d’origine.
En dépit de quelques critiques sur l’utilisation des fonds : « Pourquoi dépensez-vous autant d’argent pour ça ? Tout ça pour des bacs à plantes, quand même ?! », nous continuons à défendre l’importance de notre travail et notre modèle associatif qui rémunère les personnes et les artistes.
Comme dans un potager, ce sont souvent les éléments inattendus qui apportent les plus belles surprises : des mauvaises herbes, un espace en friche, qui se révèlent.
Nous avons appris à faire preuve d’humilité en tant que petite association modeste. Cette expérience me tient particulièrement à cœur, il est aussi précieux que l’or pour notre petite ville de 4 000 habitants.
G&S -A : Quelles sont vos aspirations pour l’avenir d’Alysses et comment envisagez-vous de continuer à enrichir votre communauté ?
Anne Chabert : L’avenir sera chouette, c’est une destinée qui nous porte ! Nous aspirons à continuer à développer notre communauté, à maintenir un développement visible et collectif. Il est crucial de garder une approche flexible et participative : Je crains que les projets citoyens deviennent trop rigides s’ils sont trop formalisés ou institutionnalisés. D’où l’importance de mettre son ego de côté, pour une collaboration efficace, sans se sentir trop attaqué ou remis en question.
Au niveau des habitants, le temps nous le dira, mais plus longtemps nous réussirons à maintenir le projet, plus celui-ci se développera.
G&S-A : En tant que coordinatrice et directrice artistique de l’association Alysses, comment assurez-vous la bonne organisation et réalisation de vos projets ?
Anne Chabert : J’anticipe les projets, en utilisant mon réseau artistique pour proposer des idées et expériences faisables. Nous en discutons ensuite en association, nous validons les choix, puis je contacte les intervenants et les écoles. Nous sommes assez polyvalents au sein de l’association avec des profils variés.
Nos bénévoles ont une bonne base de savoir-faire, mais ce n’est pas leur métier. Nous travaillons donc en demi-groupes pour leur transmettre nos compétences en jardinage et en art, tout en assurant un travail de qualité. Nous établissons des plannings et un catalogue d’ateliers ciblés.
Je gère aussi la situation financière pour assurer la stabilité de l’association. Nous sommes en transition, essayant de passer d’une situation dépendante de subventions à un modèle économique stable pour le futur. Par exemple l’année 2023 s’est bien passée pour l’association.
G&S-A : Comment arrivez-vous à sensibiliser la communauté et les enfants à travers votre association ?
Anne Chabert : Les ateliers enfants se déroulent de façon fluide et naturelle car les enfants s’amusent. Tout comme participer à la vie de Bouxwiller en siégeant au Conseil municipal. Vivre sur place aide car on voit les participants hors cadre des ateliers.
On voit l’intérêt grandir de la part des écoles, des enseignants et des périscolaires. Les institutions commencent à comprendre et à vouloir construire avec nous pour développer un espace public commun.
L’enjeu est de créer un espace citoyen intéressant et de continuer à s’éduquer les uns les autres.
G&S-A : Quel rôle joue Gestion & Stratégies aux côtés de l’association Alysses ?
Anne Chabert : Gestion & Stratégies est plus qu’un simple comptable pour nous. Ils nous ont été recommandés par le Théâtre du Marché aux Grains, une institution théâtrale locale. Travailler avec M. Thiebaut est un vrai plaisir, il se sent proche de notre territoire et nos discussions dépassent souvent le cadre purement comptable, ce que je trouve appréciable. Bien que notre projet soit encore modeste et n’utilise pas pleinement toutes les capacités du cabinet, leur approche unique et leur profonde compréhension du milieu culturel nous apportent une grande tranquillité d’esprit. Le fait que M. Thiebaut soit parfaitement au fait de nos enjeux spécifiques est particulièrement rassurant, car cela nous évite de tout réexpliquer constamment. C’est pour cette connaissance du secteur culturel que nous avons choisi ce cabinet.
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